Quand la crise secoue l’université : défendre le savoir, pas les scandales

Les scandales récents liés à la corruption au sein des universités marocaines suscitent une vive émotion. Il est légitime et même nécessaire de les révéler, à condition que cette mise à nu serve l'intérêt public et s'inscrive dans une dynamique sincère de réforme. Toutefois, dans ce climat trouble où la vérité se mêle à l'amalgame, il convient de rappeler que les universités publiques marocaines ont longtemps constitué des foyers de savoir et des vecteurs de rayonnement intellectuel, bien au-delà des frontières nationales.
Ces institutions ont contribué à forger une génération de penseurs et de chercheurs qui ont brillé dans des disciplines aussi diverses que la philosophie, la sociologie, la linguistique, la sémiotique, la rhétorique ou encore les études littéraires classiques et modernes. Ce legs mérite d'être reconnu et défendu.
Il serait injuste de réduire les universités marocaines à leurs dysfonctionnements actuels. Elles ont été - et peuvent redevenir - des lieux d'excellence, de réflexion et de création. C'est pourquoi il est essentiel de continuer à croire en leur mission, de mettre en lumière celles et ceux qui y ont œuvré avec probité, et de s'opposer à ceux qui cherchent à les fragiliser au nom d'intérêts personnels ou de règlements de comptes.
Toute réforme sérieuse doit aller au-delà des mesures superficielles. Il faut engager des transformations structurelles profondes, capables de protéger les universités contre l'infiltration de profils incompétents ou opportunistes. Ces établissements doivent être recentrés sur leur fonction première : la production et la transmission du savoir. Seuls doivent y accéder ceux qui possèdent une véritable compétence intellectuelle. Car le savoir authentique constitue la meilleure défense contre les dérives.
Les véritables universitaires - ceux qui nous ont inspirés par leur rigueur et leur intégrité - ne recherchent ni reconnaissance facile ni avantages matériels. Ils sont habités par leur discipline, investis dans leur travail et fidèles à une éthique exigeante. C'est cette image noble de l'enseignant-chercheur qui a nourri notre désir, autrefois, de rejoindre les rangs de l'université.
Dans ce contexte de crise, mais aussi d'espoir, il nous revient de défendre nos universités publiques, d'exiger leur redressement, et de les remettre sur la voie de l'innovation intellectuelle et critique, celle-là même qui a longtemps valu au Maroc le respect dans le monde.
Dr. Omar Lamghibchi
Enseignant chercheur et consultant formateur