Al Hoceima : une filière cannabis légale en plein essor pour le développement économique et social

La province d’Al Hoceima vit au rythme d’une dynamique remarquable dans le cadre de la mise en œuvre de la loi n°13-21 relative aux usages licites du cannabis à des fins médicales et industrielles.
Au-delà de la régulation d’une culture traditionnelle dans la région, il s’agit désormais de développer, avec l’accompagnement de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), une filière intégrée couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur : culture, production, transformation, commercialisation et exportation. Cette orientation témoigne de l’émergence d’un nouveau levier économique et social au service du développement local.
Plusieurs pépinières spécialisées et unités de séchage ont été créées, parallèlement au lancement de projets de transformation et de production, avec pour objectif de consolider la chaîne de valeur et d’améliorer la rentabilité de cette activité. Ces initiatives visent également à dynamiser l’économie locale et à intégrer la région dans un marché prometteur, tant au niveau national qu'international.
Dans une déclaration à la MAP, le président de la coopérative "Bousmada" dans la commune de Rouadi, Fouad Benali, a souligné que "la légalisation du cannabis a incité onze agriculteurs à rejoindre la coopérative, qui cultive des semences conformes aux normes internationales requises pour la commercialisation et l’exportation", précisant que cette opération est suivie de près par l’entreprise destinataire de la production, en pleine conformité avec les dispositions légales en vigueur.
Se félicitant de pouvoir exercer cette activité dans un cadre légal, M. Benali a affirmé que les agriculteurs peuvent désormais contribuer sereinement au développement de l’économie sociale régionale, dans le respect des normes internationales.
L’adhésion croissante des agriculteurs s’est traduite par une expansion significative des superficies cultivées, atteignant 1.359 hectares en 2025, contre 459 l’année précédente. Le nombre d’agriculteurs engagés a également augmenté, passant à 1.504 répartis au sein de 148 coopératives, contre 460 regroupés en 61 coopératives un an plus tôt.
De son côté, Abdelmonem Bellatiq, responsable technique au sein de la société Navitas Group, a indiqué qu’il accompagne les agriculteurs durant toutes les étapes, sous la supervision d’ingénieurs, afin de garantir un rendement conforme aux Bonnes Pratiques Agricoles et de Récolte (BPAR).
Après la récolte, le produit est séché puis transformé en fonction de sa destination médicale, cosmétique ou alimentaire, a-t-il poursuivi, précisant que chaque lot doit répondre à des normes strictes, notamment en matière d’absence de bactéries et de toxines, avant d’être stocké et acheminé vers les usages autorisés.
Afin de diversifier la production, les promoteurs chargés de la régulation de la filière ont varié les semences: 1.289 hectares ont ainsi été consacrés à la variété locale "Beldia", contre 70 hectares pour des variétés importées, a-t-il noté.
Pour sa part, Younes Chaouane, responsable de Medicannab Taskit, une association fondée dans le cadre de la légalisation de cette activité à Ketama, a salué les efforts déployés pour offrir des conditions de travail favorables aux agriculteurs, précisant que la coopérative dispose déjà d’une unité de séchage et d’un terrain destiné à la construction d’une usine de transformation du cannabis à des fins médicales et industrielles.
Par ailleurs, Mohamed Khamlichi, gestionnaire de la coopérative Hanout Bio dans le douar Hanout (commune de Moulay Ahmed Cherif), a fait état de progrès notables dès la deuxième année d’activité, notamment grâce à l’accompagnement technique et à l’adoption de méthodes innovantes, faisant savoir que sa coopérative a également obtenu une certification de qualité.
Selon lui, cette filière représente un véritable levier de développement, favorisant l’investissement et la valorisation des produits locaux.
Dans cette dynamique, la province d’Al Hoceima s’apprête à accueillir sa première unité de transformation du cannabis à Mrika (commune de Rouadi), ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour l’économie locale.
Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’application de la loi n°21-13 et vise à renforcer l’offre industrielle, encourager l’investissement, créer des emplois et à structurer une filière de qualité, fondée sur une production responsable et qualitative.
Ces initiatives traduisent la volonté de l’ANRAC d’intégrer toute la chaîne de valeur, tout en offrant un accompagnement technique, juridique et organisationnel aux agriculteurs et investisseurs. La formation et l’encadrement figurent parmi les axes prioritaires afin de garantir la qualité du produit et une exploitation optimale des ressources naturelles.